L'outil blockchain arrive dans le monde du numérique depuis une quinzaine d'années.
Créé par une entité demeurant encore aujourd'hui secrète, Bitcoin par son offre de valeur est venu ébranler le domaine très fermé de la monnaie.
L'ovni Bitcoin a ensuite été démocratisé par une foule éclectique !
Les dealers et les terroristes n'ont pas été les seuls à se pencher sur les possibilités nouvelles offertes par la blockchain. Nombre de chercheurs, de passionnés d'informatique, de genies des maths ou de militants libertaires se sont emparés de la curiosité pour l'éprouver tant techniquement que dans sa philosophie.
En ont découlé des idées neuves, d'autres dépoussiérées par ces nouvelles capacités techniques.
Parmi cette dernière catégorie, penchons nous sur la DAO.
Nuls dessins 3D ici, cet acronyme signifie Decentralized Autonomous Organization (ou Organisation Autonome Décentralisée en français, as well).
La démocratie athénienne se voit remise en question. En effet, cette base de données publique, sécurisée, décentralisée et infalsifiable (ou presque), est le laboratoire de nouvelles expériences de gouvernance.
Depuis que l'Homme fait société, il questionne son organisation.
Le mouvement amorcé par les cypherpunks s'inscrit dans l'héritage des démocrates grecs, des communards, des lumières de la Révolution, voire, plus proche de nous, de certains zadistes idéalistes.
L'émergence du Web3 ne fait pas exception, voyant débouler nombre de DAO, aussi diverses que variées, et ce dans tous les domaines !
Des plus pertinentes aux tentatives grossières de "gouvernance-washing", interrogeons nous de savoir si le fondement même de nos sociétés est mis en branle.
Notre vision "Historique" est celle d'une "gouvernance de marchés". Dans un monde où le darwinisme économique règne, l'efficience de la prise de décision prime, et se traduit en général très verticalement. C'est la décision d'un homme, ou d'un petit groupe qui influence le mouvement de toute l'organisation. La libre concurrence s'occupant d'écrémer les moins visionnaires de nos entrepreneurs.
Mais cette norme est-elle l'unique vision possible ?
Comme indiqué en préambule l'Histoire n'a eu de cesse de remettre en question cet absolutisme, pourtant, l'arrivée de ces nouvelles gouvernances horizontales 2.0 est perçue comme novatrice ?!
En plus de bégayer, l'Histoire serait-elle amnésique ?
Il serait long de tirer un bilan des avancées permises par ces bulles éphémères d'innovation, mais des athéniens aux lumières, nous nous accorderons au moins sur le fait que leurs impacts sur notre quotidien sont à minima non négligeables.
Par leur horizontalité, mais aussi par la grande place laissée à l'expression de l'individu, ces zones de débats sont un terreau fertile à la créativité.
Le consensus est long à trouver et n'est pas souvent le plus optimal techniquement, mais cette expérimentation constante permet une adaptabilité accrue de ce modèle.
Résilience et créativité d'une part.
Efficience et rapidité de l'autre.
Peut-être que ces modèles seraient compatibles ? Voire mieux ? Pourraient-ils se compléter afin d'offrir aux organisations un système adapté en fonction de leurs buts ?
Si la sphère du privé nécessite une rapidité de prise de décision incompatible avec le modèle précité, nos institutions, nos collectivités, associations, pouvoirs publics ne se verraient-ils pas grandis de ces nouveaux modes de gouvernance ?
Dans ce monde en crise de confiance, l’avènement des DAO aurait pour possibilité de rendre une voix au citoyen qui laisse peu à peu de côté son engagement, par ras le bol de n’être pris en compte.
Ajoutez à cette voix rendue, une possibilité de contrôler et d’inscrire les transactions pour la postérité empêchant toute falsification a posteriori.
Si l’enjeu de la démocratisation technologique est une réussite, j’ose espérer que l’avenir de la gouvernance sera pluriel.
La technologie blockchain serait-elle la béquille de confiance dont l’humain, trop corruptible, avait besoin pour rendre la démocratie au citoyen ?
