Les pesticides

Publié par GatorKorps
12/09/2022
L'agriculture a toujours été un pilier du développement des sociétés humaines. Son essor a permis à l'homme de se sédentariser et lui a fait modeler son environnement. La culture des fruits, des légumes et après des céréales a toujours accompagné le développement de l'Homme. Maîtriser ces concepts agricoles et améliorer la technologie a toujours été une priorité. L'homme a toujours su s'améliorer et l’utilisation de produits chimique (naturels) existe depuis des millénaires. Par exemple, l'usage du soufre remonte à la Grèce antique et l'arsenic était également utilisé comme insecticide par les Romains. L’essor de la chimie au 20e siècle a permis de grosse amélioration des rendements agricoles via l'utilisation des pesticides de synthèses qui découlent directement des recherches sur les armes chimiques pendant la 1re guerre mondiale.

Au 20e siècle l'utilisation des engrais a permis de multiplier les rendements et c'est rapidement accompagné de nombreux traitement chimiques pour toujours tendre vers une production croissante. Mais on doit se demander, qu'est ce que l'on classe dans la famille des pesticides ? Pour le dictionnaire Larousse un pesticide c'est un produit chimique destiné à lutter contre les parasites animaux et végétaux nuisibles aux cultures et aux produits récoltés. Plutôt simple, mais dans les faits il y a une multitude de pesticides tous plus ou moins nocifs pour contrer des rongeurs, des champignons et des plantes. Afin de simplifier je garderai donc le terme de pesticide et je préciserai la substance en cas de besoin.

Malheureusement comme nous le savons tous les pesticides sont aussi nocifs pour l'homme. Il semble logique qu'un produit qui tue des insectes nous soit nocifs mais dans quel mesure ? Dans cet article je vais essayer de reprendre les principaux problèmes liés à l’utilisation des pesticides. Certaines compagnies ont fondé des empires en vendant des pesticides et nous verrons également que celles-ci feront tout pour que nos agriculteurs continuent à utiliser leur produits. Enfin nous observerons comment l'agriculture biologique peut permettre d'entrevoir un avenir avec moins de pesticides.

Les études sur les effets secondaires de ces produits sont légions. Heureusement il y a eut depuis les années 80 une prise de conscience de la toxicité pour la population lié à l'utilisation de masse dans l'agriculture de ces substances. Cette prise de conscience citoyenne a permis d'interdire certaine substance, cependant la guerre des lobbys a souvent drastiquement reculée l'application des interdictions. Prenons par exemple le Chlordécone. Ce pesticide organochloré a été utilisé entre 1981 et 1993 et était employé pour le traitement des bananiers pour lutter contre le charançon (insecte détruisant les plans de bananes). Le chlordécone est un perturbateur endocrinien reconnu comme neurotoxique, reprotoxique (pouvant altérer la fertilité), et classé cancérogène possible dès 1979 par l’Organisation mondiale de la santé mais n'a été interdit qu'en 1993. Pourquoi donc un tel écart devant un produit reconnu dangereux ? Les Antilles sont contaminées pour plusieurs années, car la molécule est très persistante dans l’environnement − jusqu’à sept cents ans. A partir du début des années 2000, on a découvert que le chlordécone, qui passe dans la chaîne alimentaire, avait non seulement contaminé les sols, mais aussi les rivières, une partie du littoral marin, le bétail, les volailles, les poissons, les crustacés, les légumes-racines... et la population elle-même. La quasi-totalité des 800 000 habitants de la Guadeloupe (95 %) et de la Martinique (92 %) sont aujourd’hui contaminés.

Il y a malheureusement de nombreux exemples de substances toxiques que la société a continué à utiliser malgré la connaissance de leur nocivité. Comme vous vous en doutez, il y a forcément une histoire de gros sous. Bien souvent la santé publique passe après malheureusement. Le marché des pesticides en Europe représente plus de 3 milliards d'euros en Europe. La France est le premier marché européen.

Cependant la France et l’Europe en général peut se targuer d’avoir une législation qui permet de protéger un minimum le consommateur. De nombreux produits sont heureusement interdit sur notre sol, mais autorisé dans d’autres pays du monde.

On peut également rapidement faire le rapprochement entre la baisse de la population d'insectes et l’utilisation croissante de pesticide.
Les pesticides tueurs d’abeilles ont engendré une lutte sans merci des lobbys de ces grandes sociétés, l’europe a finalement interdit ces poisons après 15ans de bataille, 15 ans de perdu. Les trois pesticides les plus dangereux sont, l’imidaclopride, la clothianidine et le thiaméthoxame. Ils sont depuis interdits sur toutes les cultures de plein champ et autres utilisations en extérieur dans tous les pays de l’Union européenne. Mais les industriels n’ont jamais accepté ces mesures. Bayer et Syngenta ont saisi la justice européenne dès 2013. Une première décision leur a donné tort en 2018. Bayer, appuyé par l’association générale des producteurs de maïs et d’autres représentants de l’agrochimie, a fait appel dans la foulée. L’arrêt du 6 mai 2021 de la Cour de justice de l’Union européenne clôt enfin cet interminable conflit.

En France, selon l' Institut de veille sanitaire (InVS), d'après les analyses faites en 2006-2007 chez 3 100 personnes dans le cadre du programme national nutrition santé(PNNS), le sang d'un Français moyen contient presque toujours des pesticides organophosphorés et trois fois plus de certains pesticides (pyréthrinoïdes, paradichlorobenzène) que celui des Américains ou des Allemands,

Des dégâts irréversibles sur la faune :

Le rapport, publié dans la revue Biological Conservation, est une méta-analyse de 73 études différentes portant sur l’état de la faune entomologique. Les résultats qui en ressortent sont alarmants. Selon les experts ayant travaillé sur ce rapport, nous faisons face « au plus massif épisode d'extinction » depuis la disparition des dinosaures. Les 73 études concernent surtout les espèces d'insectes européennes et nord-américaines.

Les auteurs de l’étude écrivent en effet qu’il ne s’agit « pas seulement d'espèces spécialisées occupant des niches écologiques. De nombreuses espèces peu spécialisées, très communes, sont également touchées. » Les hyménoptères, comme les abeilles ou les fourmis, voient leurs populations menacées de disparition de plus de 50 %. Si des espèces envahissantes en profitent pour prendre leur place, comme le bourdon fébrile ou la fourmi de feu qui supportent mieux les pesticides que leurs congénères, leur accroissement n’est pas assez rapide pour compenser la disparition des autres espèces.
« Cela se passe à une vitesse incroyable. Dans 100 ans, tous les insectes pourraient avoir disparu de la surface de notre planète » s'inquiète Francisco Sanchez-Bayo, biologiste à l'Université de Sydney, l’un des auteurs de l’étude.

Les problèmes des pesticides sont cependant bien plus majeurs qu'une guerre entre lobbys et des effets sur la santé publique. Nous risquons à terme tout simplement de complètement détruire notre écosystème.

En moins de trois décennies, les populations d’insectes ont probablement chuté de près de 80 % en Europe. C’est ce que suggère une étude internationale publiée par la revue PLoS One, analysant des données de captures d’insectes réalisées depuis 1989 en Allemagne. Ce phénomène sera très difficile à ralentir et même si une l'utilisation de pesticides baisse en Europe il sera impossible de revenir aux taux du milieu du dernier siècle.

 

En trente ans, près de 80 % des insectes auraient disparu en Europe

L’agriculture biologique une fausse solution ?

Une étude, publiée en octobre dans la revue Nature communications, estime que l'agriculture biologique a plus d'impact sur l'environnement, et notamment sur le climat, que l'agriculture conventionnelle. L'explication ? L'agriculture biologique est moins productive, donc elle consomme plus de terres. Bien que l’agriculture biologique soit meilleur pour notre santé elle pose les questions des besoins en rendement par m² exploités. En effet, l’émergence des engrais et des pesticides a permis de multiplier les rendements, est-ce qu’une agriculture 100% biologique permettrait de nourrir la planète ?
Comme souvent la réponse est compliquée et un marqueur devra être trouvé afin de dégager la meilleure solution avec une utilisation raisonnée des pesticides à conserver sans empoissonner la population et la faune.

Les ravages des pesticides ne doivent laisser personne indifférent. Le consommateur a le pouvoir de décider de faire de l’agriculture biologique un succès afin de réduire l’utilisation directement des pesticides. Une consommation raisonnée permettra de faire émerger des modèles d’agriculture moderne et moins consommateur en matière chimique. Nos gouvernements doivent également encourager ces démarches et permettre aux agriculteur d’aborder sereinement leur transition vers des cultures plus propres. Le renouvellement du plan Ecophyto doit permettre à la France de réduire de 50% son utilisation de pesticide. Mais cette bataille, comme pour la sécheresse, comme pour le climat devra être menée dans le monde entier et pas uniquement en Europe.

Sources :
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